Ça fait longtemps que je suis pas parti en voyage.

Et pour cause, y' pas d'artiche...
Pourtant, la dernière fois, j'avais bien grugé mon assistante sociale, et suis parti avec le Rmi, voyage payé avec une saison de vendanges, direction l'Inde... "Vous avez un projet?" qu'elle m'avait demandé... Et moi, "non non, je veux juste me tirer d'ici"... Faut dire que je venais de terminer un contrat CES de six mois, travail 40h par semaine, payé 20, à aider des gens encore plus dans la merde et à habiter chez mes employeurs... Ça aiguise l'envie de voyages.

Donc, février 95, direction l'Inde et ses mystères (j'y connaissais rien, juste des poteaux installés là bas). J'ai tellement aimé, d'ailleurs, que j'ai recommencé l'année d'après, mais là, je suis resté une demi année. Et donc, j'ai voyagé, avec d'autres, et puis j'ai rencontré beaucoup de ces "voyageurs" et "touristes" qui viennent loin pour chercher une aventure qui se terminerait fissa en taule dans leur pays... Par exemple, se taper de jeunes mineur(e)s, mais plus simplement, traiter tous les gens du cru comme des merdes tout juste bons à être à ton service. Plus d'une fois ça m'a donné envie d'en tuer un de ces batards...

Un peu plus de dix ans plus tard, je vis dans une ville ou plus de 700000 trouducs viennent lâcher leur pèze pour des vacances "au soleil", voir les monuments, tout ça. d'ailleurs, ici, ou un tissu industriel conséquent voisinait avec une paysannerie florissante, il ne reste presque plus que ça, le tourisme... il parait que c'est à cause du patrimoine. Parce que c'est pas une chance, forcément d'habiter dans une ville du moyen-âge.

D'ailleurs, j'aurais du me méfier. Pendant des années, j'ai vécu dans la périphérie de la vieille ville, et puis un jour, j'ai cédé aux sirènes (surtout une), qui me faisaient miroiter les avantages d'un appart en centre ville à Avignon. En plus, j'avais trouvé pas cher du tout, alors, pourquoi pas?

La première année, je ne me suis pas méfié, le festival était passé, j'ai pas vu... et puis on a eu un hiver assez froid. mais la deuxième année... Oh putain! Alors, les touristes que j'avais rencontrés en inde, y'en a qui viennent ici aussi... et des pas mal, qui veulent tout voir, même ton intérieur, si tu habites au rez de chaussée. et si t'es pas content, t'as qu'à habiter ailleurs, hein. Et pis qui veulent que tu les accueille bien dans ta ville... mais bon, moi je bosse pas dans le tourisme, plutôt dans l'information. Mais quand cette industrie est la première, n'est-ce pas... On ne peut pas vraiment y échapper.

Parmi les charmantes coutumes avignonnaises, il y en a une qui consiste à sous louer son appart en été, et se faire des couilles en or, au black bien sur. ca, c'est pour le festival, moment haut en couleur de la vie d'ici.

Et parce que des gens font ça, d'autres qui viennent ici se croient tout permis. Entre enculés, on peut s'entendre: tu m'entubes, je te méprise. Donc, ma rencontre avec un troupe de théâtre cet été a été l'occasion de me remémorer des attitudes que je croyais marginales. Les gentils artistes venaient donner leur spectacle dans le "off" du festival, et se targuaient d'employer des étudiants d'ici pour faire leur promo... affiches, tracts, rien de très difficile en soi. Mais quand il s'est agi de payer les deux jeunes gens, macache zobi. "le boulot a été mal fait, on voit pas nos affiches..." tout était prétexte. Mes deux amis, me demandent, alors que je suis là lors de leur conversation, ce que j'en pense, et je rétorque évidemment que ces gens sont des voleurs... A quoi le "metteur en scène", me répond en me ragardant de haut "Ah, ben sans nous, comment vous mangeriez, hein?" Autrement dit, je te fais vivre vile créature, alors fermes ta goule...

Mes deux copains ne sont pas du genre à s'en laisser conter et en gros, ont obtenu le paiement de leur travail. Mais à cette occasion, j'ai appris aussi les mœurs d'hôteliers, qui pour mieux se gaver ne prennent leur jeune main d'œuvre qu'à l'essai, trois semaines, pile poil la durée du festival.... vous voyez le tableau?

Aussi, je me suis dit, pourquoi pas? Pourquoi pas faire des bordels, et proposer les plus beaux culs (mâles ET femelles s'entend) à une clientèle potentielle, qui viendrait encore plus nombreuse pour goûter ici aux joies de la sexualité débridée. Parce qu'après tout, à se faire mettre... ne riez pas, je crois même que c'est l'ultime étape économique d'un tourisme de masse qui souffre aussi de la concurrence du tiers monde. Nous souffrons ici de notre peu d'empressement à ne pas voir que les intérêts du marché. Et les nombreux chômeurs et chômeuses de nos contrées, pourraient ainsi défendre un nouveau métier, celui de pute à touristes, qui jusqu'ici est cantonné à une clandestinité sordide et peu alléchante. L'Europe nous montre la voie, puisqu'en Allemagne, le statut de "travailleur du sexe" est désormais reconnu. Et en vertu de cette légalisation, une personne qui refuserait une telle "offre raisonnable d'emploi" se verrait privée de ses maigres allocs chômage, permettant au passage de trafiquer améliorer les chiffres des demandeurs d'emploi.

L'avenir, on vous dit.

(edit: j'ai rajouté une phrase que j'avais fait sauter dans le 7è paragraphe. on comprend mieux la suite...)