jojopascontent En matière de presse, il y a toujours beaucoup à dire, et surtout pour un professionnel, qui connait les difficultés faites à ceux qui pensent encore pouvoir librement informer. Je pense comme Zo d'Axa ou Karl Kraus, que plus important que la "liberté de la presse", il y a la liberté d'expression: en effet, à quoi bon défendre des journalistes qui se complaisent dans la soumission et vont jusqu'à défendre des positions liberticides?

Nous en sommes là, et depuis trop longtemps dans notre beau pays, qui eut pourtant ses gloires journalistiques. Foin de nostalgies, je ne vous parlerai pas de Hara-kiri, ou du Charlie première époque. Et pourtant.

Le Charlie d'après 92, je le lisais depuis le début. c'était une récréation et une source précieuse d'info, avec des enquêtes menées tambour battant, de l'humour... Pernicieusement, le glissement se faisait, dans l'édito de Val, de plus en plus sucré, complaisant et du côté du manche... et aussi dans les effectifs, quand les meilleurs enquêteurs de Charlie ont été remplacés par des chroniqueurs de salon issus de Libé. Siné semait encore sa zone, mais le coeur n'y était pas toujours, j'ai cessé de lire ce journal en 2001. Il faut dire que l'affaire Pierre Carles avait déjà refroidi pas mal de lecteurs. vous vous souvenez? ce cinéaste qui démontrait avec des moyens radicaux, à quel point les connivences entre politiques et "grands" journalistes de TV ne pouvaient pas être un sujet de débat... à la TV, justement. Petit bijou de télévision, et finalement de cinéma, le film "pas vu , pas pris" avait pu voir le jour en salles, avec le soutien, notamment de Charlie hebdo. Mais très vite, le courage légendaire du rédac chef, l'amenait à condamner à son tour, avec ses nouveaux amis des medias, celui qui mettait à tout le monde le nez dans son caca.... même à Charlie. c'est parce que j'ai rencontré Carles, avec deux dessinateurs de Charlie (Luz et Charb), après cette affaire, les avoir entendu dire pis que pendre de leur tyranneau de redac chef que j'ai compris que le problème était celui d'une prise de pouvoir.

Prise de pouvoir accompagnée d'une recherche de notabilité de plus en plus évidente. Et aujourd'hui, alors qu'aucune menace de procés n'a réellement pesé contre le journal, pourtant dénoncé dans une radio de ploucs par une balance con-fraternelle c'est Siné qu'on massacre. Encore les ravages de la loi du 29 juillet 1881: la menace d'un, procés de presse. Qu'il s'agisse d'injure, de diffamation, ou atteinte à l'honneur et à la dignité, les possibilités de s'en prendre à un journal (et non pas à l'auteur) sont multiples.

Le gentil législateur à l'époque, voulait faire taire les feuilles anarchistes, qui foisonnaient. Depuis la défaire de la commune, et la quasi éradication du mouvement socialiste parisien, les positions s'étaient en effet durcies, et désormais, c'était l'etat, la justice, et l'armée qui étaient vouées aux gémonies, pas seulement les réactionnaires et les ennemis de la république... on fit donc en sorte qu'un responsable légal (directeur de publication) soit celui de chaque journal, étant celui qui serait condamné pour chaque délit de presse commis par l'éditeur. Car dans ce crime là, l'auteur n'est que complice... inutile de vous dire que la charge financière que firent peser sur les journaux les centaines de procés, avec incarcération du directeur de publication à la clé, en finirent avec la liberté de la presse, monnaie courante à l'époque.

Zo d'Axa fut emprisonné, par exemple pour avoir écrit qu'il fallait venir au secours des familles d'anarchistes condamnés pour attentats. Le même, pour en revenir au sujet, écrivit à propos de Dreyfus qu'il était coupable.... d'être un militaire, un officier et de ne vouloir qu'être réintégré dans l'armée avec les honneurs, et ne le défendit que parce que ceux qui l'attaquaient étaient des antisémites criminels.

Pas question de vous faire un cours d'histoire, vous connaissez Coluche, Desproges, Reiser, Carali.... tous trouvèrent en Choron un directeur de publication courageux, qui allat toujours au procés, les perdant parfois avec panache, et assumant la lutte pour la liberté en se faisant interdire. Evidemment, val n'est pas de cette trempe. pas question, dit il "de porter atteinte à l'honneur du journal" en étant accusé d'antisémistisme, même par des crétins obscurantistes.

Les cons ont gagné, Siné viré, c'est une génération qui n'a rien cédé qui se fait lourder d'un journal qui n'est plus qu'une marque.

Quant à ceux qui ont vu dans son billet le moindre antisémitisme, je suis fier de ne point être de leurs amis: leur manque de recul évident et la facilité avec laquelle ils suivent la masse bêlante me surprend et me fera toujours gerber.

A force de voir des antisémites ou ils ne sont pas, on ne voit pas ceux qui savent se cacher derrière des mots, des causes: pensez que d'aucuns par pur anticommunisme justifient aujourd'hui l'extermination planifiée par les nazis: les bolcheviks étaient tous juifs.

tonton jojo